Chaque cellule composant notre corps possède 23 paires de chromosomes : 22 paires de chromosomes homologues et une paire de chromosomes sexuels. Cette 23e paire comporte deux chromosomes X chez les femmes et un chromosome X et un chromosome Y chez les hommes.
L’ensemble des chromosomes est propre à chaque individu. Ils sont porteurs des gènes qui composent l’ADN (Acide DésoxyriboNucléique) et déterminent son identité (non seulement le sexe, mais aussi la couleur de ses yeux, de ses cheveux, etc.). L’ensemble peut être représenté sous une forme de carte, appelée caryotype, où les différents chromosomes sont présentés par paires, avec leur homologue.
L’ADN porté par les gènes se compose de quelques 3 milliards d’éléments appelés nucléotides allant par paires. On distingue 4 types de nucléotides, qui sont comme les 4 lettres de l’alphabet de l’ADN, éléments du code génétique : l’Adénine (notée A), la Thymine (T), la Cytosine (C) et la Guanine (G) ; A est toujours associée à T, et C à G. Toutes ces paires sont disposées en une double chaîne, formant une double hélice.
Chaque gène est donc composé d’une chaîne de nucléotides. Ces chaînes peuvent comporter des répétitions continues d’un même motif composé de 1 à 10 nucléotides. Par exemple, la répétition d’un même élément : AAA…AAA, ou d’une paire d’éléments CACA…CACA, ou encore d’un triplet ou même d’un quadruplet. Une telle séquence constitue une information, un message, qui, pour être utile, doit pouvoir être interprétée. Et pour être interprétée, elle doit être compréhensible. L’ADN est en effet transcrit en ARN (Acide RiboNucléique), qui lui-même est traduit en protéines. Lesquelles sont indispensables au développement du corps humain.
Dans le syndrome X fragile, on assiste à une inactivation du chromosome X, dû au fait que le message de l’ADN est rendu intraduisible. Cela provient du fait qu’un des gènes du chromosome X, appelé FMR1, comporte une répétition anormale et instable d’un triplet CGG. Cette répétition est au nombre de moins de 45 chez les sujets sains. Dans le cas du syndrome du X fragile, on distingue trois cas :
- entre 45 et 54 répétitions du triplet CGG, on parle de zone grise ;
- entre 55 et 200 répétitions, on parle d’une prémutation ;
- au-delà de 200 répétitions, on parle d’une mutation complète.
Chez le porteur d’une prémutation, comme dans le cas de la zone grise, il n’y a pas de signe clinique (symptôme) apparent. Mais on constate une production amplifiée d’ARN, ce qui semble être la cause du syndrome du tremblement-ataxie lié à l’X fragile (FXTAS – Fragile X Tremor Ataxia Syndrome) dont peuvent être affectés les personnes âgées prémutées. Les femmes porteuses de la prémutation sont en outre susceptibles d’être affectées par une insuffisance ovarienne précoce liée à l’X fragile (FXPOI – Fragile X Primary Ovarian Insufficiency).
Chez les porteurs d’une mutation complète, en revanche, la production d’ARN est bloquée et sa traduction en protéine FMRP (pour Fragile X Mental Retardation Protein) ne peut avoir lieu. Or la protéine FMRP joue un rôle essentiel dans le développement des neurones du cerveau. Son absence explique le retard de développement mental dont les sujets porteurs d’une mutation complète sont victimes.
L’expression du syndrome nécessite toutefois une méthylation complète du gène FMR1, qui résulte d’une modification chimique de l’ADN le rendant inactif.